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L'enfance de Missak Manouchian
Manouchian et les héros de L’Affiche rougeLe 21 février 1944, au Mont Valérien, 22 hommes sont fusillés par les Allemands. Ce sont des résistants communistes. Leur chef est Missak Manouchian, un Arménien de 37 ans. Sous ses ordres, d'août à novembre 1943, ils ont multiplié les attaques armées contre les forces d'occupation allemandes. Ils sont juifs, arméniens, roumains, polonais, hongrois, bulgares, espagnols, italiens, français d'origine ou récemment naturalisés. Étrangers, résistants et communistes, ils représentent tout ce que l'idéologie nazie déteste. Pour comprendre l'engagement de Missak Manouchian, il faut revenir sur les traces de son enfance.
Une enfance marquée par le génocide arménien
Missak Manouchian est né le 1er septembre 1906 à Adiyaman, en Anatolie orientale, berceau des Arméniens ottomans. Les Arméniens forment une minorité intégrée à l'Empire turc depuis plus de 300 ans. Cette minorité est dotée d'une culture millénaire avec une langue et un alphabet spécifiques. Leur rite chrétien aussi singulier. Le peuple arménien a des droits inférieurs à ceux des musulmans. Au XIXe siècle, les Arméniens rejettent les discriminations qui leur sont imposées par le pouvoir central. Certains rêvent d'indépendance. En 1909, l'arrivée au pouvoir du mouvement des Jeunes-Turcs rend ce rêve impossible. Ce mouvement nationaliste souhaite se débarrasser des éléments non turcs. En septembre 1915, dans un télégramme, Talaat, idéologue radical, énonce clairement son intention génocidaire :
« Le gouvernement a décidé d'exterminer entièrement tous les Arméniens habitant en Turquie, sans égard pour les femmes, les enfants, les infirmes. Il faut mettre fin à leur existence.»
D'avril 1915 à décembre 1916, entre 1,2 et 1,5 million d'Arméniens sont assassinés. C'est l'un des premiers génocides du XXe siècle. Missak Manouchian n'a que 9 ans. Il voit ses parents mourir. Apatride, il prend les routes de l'exil avec son grand frère, Garabed. Il est recueilli dans un orphelinat au Liban où il reçoit une double éducation, arménienne et française. Il rêve de fouler le sol de la patrie des droits de l'homme. En 1924, il obtient un passeport, le Nansen. C'est un document qui a été créé pour aider les réfugiés apatrides à passer les frontières. Missak arrive à Marseille à l'âge de 18 ans, comme 60 000 autres réfugiés, entre 1922 et 1927. Ils forment une main d'œuvre prisée par les patrons de la région.
La Grande Dépression
En arrivant à Paris, il enchaîne les emplois : menuisier, monteur téléphoniste, manœuvre ou tourneur chez Citroën. Dans les années 1930, la France est frappée par la Grande Dépression. Le pays subit les effets du Krach boursier de Wall-Street de 1929. Le chômage et la pauvreté augmentent. La France connaît une poussée de la xénophobie. Sur le marché de l'emploi, les rivalités entre nationaux et immigrés s'accroissent. La loi du 10 août 1932 instaure un quota d'étrangers dans l'industrie. De janvier 1931 à février 1932, 400 000 immigrés quittent le territoire dont 1/3 par rapatriement forcé. Missak rêve d'un monde meilleur. Aussi attaché à ses racines qu'à son pays d'accueil, il s'sinscrit à la Sorbonne. Il fonde deux revues littéraires en langue arménienne. En couverture du second numéro de « Tchank », il publie une reproduction de La liberté guidant le peuple. Tout un programme !
👉Tu veux en savoir plus ? Regarde la série Missak Manouchian et ceux de L'Affiche rouge.
Auteur : Cyrielle Le Moigne-Tolba
Producteur : INA
Année de copyright : 2024
Publié le 22/07/24
Modifié le 22/07/24
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