1936 : les JO de Berlin

Le 1^er août 1936, plus de 100 000 spectateurs sont rassemblés dans le nouveau stade monumental de Berlin pour la cérémonie d’ouverture des onzièmes Jeux olympiques modernes. Malgré les appels au boycott, la mise en scène est grandiose, à l’image de l’événement spectaculaire que l’Allemagne nazie prépare depuis trois ans…

Appels au boycott des JO de Berlin

En 1931, la République de Weimar se voit attribuer l’organisation des Jeux olympiques de 1936. Mais deux ans plus tard, l’Allemagne change de visage : Adolf Hitler accède au pouvoir et le pays se transforme en un régime totalitaire, raciste et antisémite. Les juifs sont aussitôt persécutés et progressivement exclus de la société. Notamment des compétitions sportives. En Europe et aux Etats-Unis, des intellectuels, des sportifs et des politiques se mobilisent pour dénoncer la politique hitlérienne et appeler au boycott de l’événement. À l’hiver 1936, la décision est prise d'organiser les Olympiades populaires, des contre-jeux qui se tiendront à Barcelone en juillet. 18 nations répondent présentes avec près de 6 000 athlètes inscrits. Mais la guerre civile espagnole éclate et les organisateurs sont contraints d’annuler l’événement. Au même moment, le Comité international olympique se laisse convaincre par Adolf Hitler et les Etats ferment les yeux sur les persécutions nazies. 49 délégations, dont les États-Unis et la France, participent finalement aux Jeux olympiques de Berlin qui deviennent le théâtre d’une gigantesque opération de propagande. 

JO de 1936 : les jeux de la propagande nazie

À travers les Jeux olympiques de Berlin, Joseph Goebbels, le ministre de la propagande, veut offrir l’image d’une Allemagne prospère, moderne et pacifique. Le temps des Jeux, les affiches antisémites sont retirées des rues de la ville et la capitale allemande prend des allures joyeuses et accueillantes. Tout est soigneusement orchestré pour rassurer les dizaines de milliers de visiteurs étrangers sur la nature respectable du régime. Les Jeux de Berlin sont également l’occasion de montrer la grandeur de l’Allemagne nazie et de renforcer l'adhésion du peuple allemand. Pendant quinze jours, les croix gammées flottent aux quatre coins d’un site olympique colossal - le plus grand jamais construit ! - et les saluts hitlériens transforment les gradins en une forêt de bras tendus. Le III^e Reich multiplie les symboles pour se présenter comme l’héritier des glorieuses civilisations antiques. Pour la première fois, la flamme olympique est allumée en Grèce avant de traverser l’Europe jusqu’à Berlin lors d’un gigantesque relais. Une tradition qui perdure encore aujourd’hui… Comble de la modernité, les Jeux sont retransmis en direct à la télévision. Une première ! 

Et pour que l’événement marque durablement l’histoire, la réalisation d’un film documentaire est confiée à Leni Riefenstahl, une cinéaste proche du pouvoir. Dotée de moyens techniques inouïs, la talentueuse réalisatrice expérimente des cadrages inédits qui exaltent et subliment les corps aryens. Un film à la gloire du nazisme qui sortira deux ans plus tard, le jour de l’anniversaire du Führer. Avec 89 médailles, dont 33 en or, l’Allemagne nazie triomphe. Pourtant, sa victoire est atténuée par l’exploit de Jesse Owens.

Exploit de l'athlète noir américain Jesse Owens

Avec ses quatre médailles d'or, le sprinter noir américain Jesse Owens piétine les théories raciales nazies. La presse l’encense et l’athlète entre dans la légende. Pourtant, de retour aux Etats-Unis, le président Franklin Roosevelt refuse de le recevoir ni même de le féliciter. Le triomphe de Jesse Owens se heurte bientôt à la réalité d’un pays où sévit la ségrégation raciale.

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